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Aujourd’hui à Nantes, près de 2 000 personnes ont manifesté contre l’antisémistisme, contre l’islamophobie et toutes les formes de racisme. 

Nous saluons cette belle participation. Cette marche a rassemblé notamment des membres de Nantes en commun, de la France insoumise, des Écologistes – EELV Loire-Atlantique, de la Gauche écosocialiste, du NPA, de Révolution écologique pour le vivant, de Culture en lutte, AVEC Nantes, Fakir, ainsi que des élus élus, des député-es, des syndicalistes de différents horizons, et des manifestant-es qui venaient de participer à la manifestation pour demander un cessez-le-feu à Gaza. 

Nous continuerons à nous mobiliser contre toutes les formes de xénophobie et de racisme. 

Voici notre prise de parole à l’occasion de ce rassemblement : 

« Les Juives et Juifs de France vivent dans la peur, la peur de dire qui ils sont, la peur de faire l’objet d’actes antisémites de plus en plus violents. C’est insupportable et il faut le dire, le reconnaître, le dénoncer, prendre notre responsabilité, et montrer notre soutien. 

Nous ne pouvons pas accepter que la population juive de ce pays se sente, comme à tant de moments dans l’histoire, mise à l’écart, comme poussée hors de la communauté. Poussée à partir en Israël ou ailleurs. 

Depuis des siècles, comme le disait Sartre, “c’est l’antisémite qui fait le juif”. C’est l’antisémite qui fantasme des personnes tirant les ficelles de l’économie, de la finance, tapies dans l’ombre. C’est l’antisémite qui invoque constamment une sorte de complot orchestré par une communauté homogène qui agit selon ses intérêts, contre les intérêts de la dite nation. C’est l’antisémite qui construit un ennemi de l’intérieur, un bouc émissaire à écarter, parfois, à éliminer. 

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Cet antisémitisme est virulent chez certains, latents chez beaucoup.

Nous devons le refuser. 

En plus d’être complètement stupide, ce discours est dangereux, pour les personnes ciblées et pour tout le monde, car il y a toujours, toujours, une nouvelle cible. 

Ce discours c’est celui de l’extrême droite antisémite. Celui de Maurras et de l’Action Française. Celui de Jean-Marie Le Pen et du Front National. Celui des youtubeurs négationnistes, Soral et Dieudonné. Celui de ceux qui réhabilitent Pétain.

Et ça déborde. Dans la macronie, comme dans les partis de la droite qui se dit Républicaine, beaucoup de ministres, de responsables sont passés par des groupes d’extrême droite aux positions antisémites, comme Gérard Longuet, Alain Madelin, Patrick Devedjian hier. Comme Nathalie Loiseau, Gérald Darmanin aujourd’hui. 

Et parfois, même à gauche, souvent pour essayer de surfer sur une sorte de “bon sens populaire”, certains empruntent des expressions à la rhétorique et aux mythes antisémites. Et c’est notre travail, qu’à chaque fois qu’on entend des remarques complotistes, des remarques glissantes, qu’à chaque fois qu’il s’agit de désigner des bouc émissaires, on revienne à une vraie analyse sociale, à une critique du capitalisme, c’est-à-dire de la société de la marchandise, d’une structure de classe qui concerne toute l’économie et toute la société. 

Frantz Fanon dans Peau noire, masque blanc, se souvient de son professeur de philosophie qui lui disait “Quand vous entendez dire du mal des Juifs, dressez l’oreille, on parle de vous”. “Et je pensais [continue Fanon] qu’il avait raison universellement, entendant par là que j’étais responsable, dans mon corps et dans mon âme, du sort réservé à mon frère. Depuis lors, j’ai compris qu’il voulait simplement dire : un antisémite est forcément un négrophobe”. 

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Parce que c’est chaque communauté qui peut être visée tour à tour,

C’est une même logique d’exclusion xénophobe, qui vise aujourd’hui les personnes musulmanes ou assimilées musulmanes en France. C’est la même logique fondamentale d’ailleurs que celle de l’extrême droite israélienne qui parle des Palestiniens comme des animaux, comme des sauvages et des barbares.  

Je terminerai d’un mot sur ce qui se passe en ce moment. 

Refusons ceux qui cherchent à nous diviser. 

Refusons aussi ceux qui cherchent à faire du conflit israélo-palestinien, une guerre de religions. Ce qui se joue là-bas, ce n’est pas une question de religion ou de guerre de civilisation, c’est la question du refus de la colonisation, de l’égale dignité des êtres humains, de la paix, de la liberté quelle que soit notre couleur de peau.

J’ai une pensée pour les habitantes et habitants de Gaza bombardés jour et nuit et pour lesquels il n’y a qu’une seule solution : la paix ! »