Le 24 avril, le ministère de l’intérieur a déclenché l’opération Wuambushu à Mayotte. L’objectif : « décaser » (concrètement, raser des centaines d’habitations) l’île et expulser les étrangers en situation irrégulière, au nom de la lutte contre la criminalité.
Ces derniers jours à Mayotte, on assiste à un véritable étalage de violence militaro-policière afin d’expulser de l’île ses habitants les plus précaires, en particulier comoriens : blindés de gendarmeries, unités de maintien de l’ordre, CRS 8, ouverture de lieux de rétention et même tirs à balles réelles… La violence d’Etat se déchaîne, au point qu’on se croirait revenu aux pires heures du colonialisme français.
Mayotte règne de l’arbitraire, des lois d’exception et de la répression ultra violente
Ce que met en lumière l’opération Wuambushu, c’est la fuite en avant raciste et sécuritaire. On assiste à la fabrique d’un ennemi intérieur (ici, les Comoriens sans papiers) contre lequel il devient prétendument légitime de déployer des moyens disproportionnés.
L’Etat, coupable de la situation des Mahorais-es, tente de détourner l’attention. 84 % des habitant·es vivent sous le seuil de pauvreté, les services publics sont exsangues voire inexistants et la crise sociale ne fait qu’aggraver les tensions. Dans cette situation explosive, Darmanin et les notables locaux tentent de faire croire aux Mahorais·es que l’opération « Wuambushu » résoudra les problèmes d’insécurité en rétablissant « la paix républicaine ». Ce sont davantage des alchimistes du feu qui attisent les fractures de la société mahoraise, en faisant des Comorien·nes immigré·es les boucs émissaires de cette crise, plutôt que de chercher les réponses sociales pérennes.
Par ailleurs, le niveau de militarisation de cette opération la rend, au sens premier du terme, remarquable : une fois de plus, on se sert des populations racisées, éloignées de la métropole et considérées comme illégitimes comme d’un terrain d’expérimentation pour des techniques brutales de maintien de l’ordre, plus tard vouées à se généraliser. Le tout accompagné par un discours officiel – et repris en boucle par les plus grosses structures médiatiques – disqualifiant toutes paroles critiques (qui sont pourtant nombreuses, d’Amnesty international à la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme, en passant par la Ligue des Droits de l’Homme, l’UNICEF ou la France Insoumise). Violence d’Etat, fabrication d’un ennemi intérieur sur fond d’idéologie raciste : en employant les pires outils de la 5e République, la macronie vire au brun et ravive crûment le passé colonial de ce pays.
Quelle(s) suite(s) ?
L’opération patine déjà. Les Comores, vers lesquelles le gouvernement voulait expulser la majorité des personnes sans papier, ont refusé d’accueillir les convois français, bloquant de fait la situation. À Mayotte, malgré la répression, des habitants tentent de résister pour préserver leur habitat.
Nous devons nous mobiliser pour empêcher que cette opération se poursuive. Pour les Comorien.nes, les Mahorais.e.s mais aussi pour tout le monde. Un gouvernement qui choisit ce traitement colonial et violent pour régler un problème social d’ampleur, ne s’arrêtera pas là. Le pouvoir macroniste bascule dans l’abîme de la répression ultra violente et ne fait qu’ouvrir les portes de la société française à l’extrême-droite. Macron a été élu pour faire barrage à l’extrême-droite, il continue de lui dérouler le tapis rouge.
Plus globalement, cet événement nous rappelle l’urgence de penser une réponse forte à la droitisation et à l’autoritarisme croissant du gouvernement Macron.
Soutien aux populations victimes de la répression raciste !
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