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Lundi 21 décembre, solstice d’hiver, quatre jours avant Noël, la police expulse le squat de Talensac, rue Moquechien, où vivent plus d’une centaine de personnes, dès 8h du matin. 

Une fois de plus, on gère les personnes comme des objets, les déplaçant d’un endroit à un autre, sans les prévenir, sans leur laisser une chance de se préparer. Des méthodes toujours aussi déshumanisantes. Dans une métropole qui cherche à devenir toujours plus attractive, on accueille mieux les riches investisseurs étrangers qui veulent embourgeoiser et gentrifier la ville au détriment de 90% de ses habitant·e·s, plutôt que des personnes qui fuient la guerre et qui cherchent simplement un logement et des conditions de vie dignes.

Pire, les bâtiments semblent être mieux traités que les personnes. 

A priori ces personnes vont être relogées dans l’ancienne Auberge de la Manu qui a fermé définitivement ses portes lors du premier confinement. On se souvient du conseil municipal d’octobre : un Centre International de Séjour devrait ouvrir en 2023 pour remplacer l’auberge de jeunesse, en plus grand, plus beau, plus attractif, plus européen, dans le nouveau “cœur métropolitain” (le futur centre-ville choisi pour nous, sans nous).

Quelle urgence à expulser ces personnes exilées le premier jour de l’hiver ? En pleine période de fêtes, où il est traditionnellement question de générosité, de partage et de chaleur des foyers ? Cette expulsion signifie très probablement le début du projet immobilier prévu à la place du gymnase. En effet, le lieu a été racheté par COVIVIO, “l’opérateur européen de référence qui accompagne (…) les territoires dans leurs enjeux d’attractivité”. Un magnat de l’immobilier qui œuvre en Europe de l’Ouest, pèse 24 milliards d’euros et compte parmi ses actionnaires Black Rock et la BNP.

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En plein centre-ville, l’opération prévue devrait être bien juteuse et transformer le quartier sans que nous sachions ce qui est prévu, sans que nous ayons notre mot à dire. 

La ville continue de se faire sans nous, et contre nous, en particulier contre les personnes les plus précarisées. Les squats, en participant à la réappropriation de l’espace urbain et en ayant recours à l’auto-organisation, sont une forme de lutte contre la métropolisation. L’attractivité se fait systématiquement au profit des investisseurs et des promoteurs. Les squats nous obligent à considérer la question de l’accès au logement pour toutes et tous et révèlent les projets clinquants conçus discrètement par ceux qui investissent dans la ville, au détriment des gens qui y vivent.