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Le 12 juillet 2021, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’un pass sanitaire pour accéder à une grande part de nos activités quotidiennes. Cette annonce prend place deux mois après que ce même Emmanuel Macron a juré que jamais ce pass sanitaire ne serait mis en place dans nos lieux de vie quotidienne. En passant en force en imposant au Parlement un calendrier très contraint et en agitant la menace d’obligation vaccinale complète, le gouvernement franchit une nouvelle étape dans l’escalade autoritaire et anti-démocratique. 

Macron gouverne seul tout en attribuant à chacun·e de nous la responsabilité de ses échecs, sans jamais prendre en compte les inégalités face à la vaccination ni à l’accès aux soins de manière générale. Tout se passe comme si le gouvernement ne s’était jamais demandé pourquoi les départements où les habitant·e·s se vaccinent le moins sont à la fois les plus touché·e·s par le Covid et les départements les plus pauvres du pays. C’est comme si la question vaccinale était alors le résultat d’une volonté individuelle, plutôt que celui  d’une stratégie de santé publique. Dans la conception macronienne du monde, la société n’existe pas. La politique non plus.

Le gouvernement Macron n’a jamais mené de politique réfléchie de santé publique face au Covid. Trop peu de moyens sont mis en place n’est fait pour que les personnes les plus vulnérables par rapport au covid-19 soient toutes vaccinées, rien n’est fait pour aller vers elles et eux, pour faciliter l’accès au vaccin aux personnes les plus éloignées des soins, pour que les professionnel·le·s de santé aient à leur disposition tous les outils pour accompagner les personnes. Au lieu de cela, Macron continue d’user des mêmes principes : contrôler, réprimer. Demain, le contrôle sanitaire et celui de notre identité. Un contrôle généralisé puisque cette pratique, déjà subie au quotidien pour certain·e·s d’entre nous, ne sera plus réservée qu’aux forces de l’ordre, mais sera étendue au quidam, offrant alors une infinité de possibilités de discriminations et d’abus.

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Il ne s’agit ni plus ni moins que de mettre sur pied une police sanitaire privée qui compterait des millions d’agents et agirait sans possibilité de recours. Jamais un gouvernement français n’avait été aussi loin dans le contrôle de la vie sociale et intime via une police de plus en plus privatisée qui s’immisce partout. 

Pas de stratégie sanitaire, mais une politique de renforcement du contrôle, de plus en plus invasive, qui, une fois de plus, fait fi des inégalités existantes et qui ne fera que les renforcer.

La brutalité avec laquelle Macron impose le pass sanitaire fracture un peu plus la société. La République en marche qui se targuait de ne pas vouloir opposer les gens, ce parti du « ni ni » et du « en même temps », scinde volontairement la société en deux camps, les vacciné·e·s et les non-vacciné·e·s, laissant la place à l’affrontement, et reléguant tous les opposants à des « antivax » d’extrême droite pour mieux faire taire toute contestation.

Le pouvoir en place a ainsi réussi à hystériser le débat public pour mieux l’annihiler : on ne pense plus, on ne se parle plus, on ne délibère plus, on n’est plus capable d’avoir des débats contradictoires, des discussions documentées, alors que c’est bien là la base d’une société démocratique.

Après toutes les injonctions contradictoires, les mesures absurdes et/ou floues que nous avons subies, après tous les mensonges de nos dirigeants sur cette maladie et les moyens d’y faire face, le minimum serait de pouvoir débattre effectivement des règles collectives à adopter, de leur efficacité sanitaire et des impacts acceptables ou non sur nos modes de vie — précisément ce dont nous sommes privés aujourd’hui.  

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La liberté démocratique réside dans l’exercice plein et entier de notre citoyenneté : c’est-à-dire de notre pouvoir à agir sur le monde et la reconnaissance de notre droit imprescriptible à le faire. Nous sommes libres lorsque nous prenons part au destin de la collectivité, tant par la délibération que par l’action. Le gouvernement porte atteinte aux fondements de cette liberté démocratique. Il nous refuse la possibilité de délibérer de façon rationnelle des enjeux de santé publique et renie notre citoyenneté par la mise en place d’un pass infantilisant, humiliant, dont l’efficacité sanitaire reste à démontrer, qui écartera, de fait, des millions de gens des lieux de vie vitaux à la vie démocratique.