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Hier les services sociaux de la ville et le Samu social sont intervenus dans le squat de l’Orangerie et le centre social autogéré et lieu de vie de la Maison du peuple. Les responsables politiques ont enfin pris en charge le relogement des personnes vivant à l’Orangerie, sans chauffage ni électricité depuis des mois. On espère que toutes les personnes seront relogées et traitées dignement

Plusieurs membres de Nantes en commun se sont rendus à la Maison du peuple hier matin, dès 6h, après avoir été tenus au courant des rumeurs d’expulsion. Nous avons assisté à toute l’opération dite de « mise à l’abri » : nous dénonçons les méthodes de la préfecture et de la ville. Comment la préfecture et la mairie peuvent-elles se féliciter de cette intervention alors que c’était un spectacle de plus du mépris et de la déshumanisation infligés à des personnes exilées et des personnes sans abris ? 

Car une fois de plus, la préfecture et la mairie ont choisi de traiter des personnes comme des objets qu’on déplace comme on le souhaite, comme de simples numéros de dossier à gérer : on ne prévient pas de la venue des services sociaux ni de l’opération « relogement »,  encore moins de l’heure (7h30) ; on met la pression aux gens pour qu’ils prennent une décision rapidement (“c’est votre dernière chance, plus que 10 minutes”), on les contraint à réunir leurs affaires en vitesse, alors qu’ils ne savent même pas où ils vont être relogés, et risquent de se retrouver parfois à des dizaines de kilomètres* de leur dernier lieu d’habitation. Celles qui ont trouvé du travail à Nantes, celles qui ont des rendez-vous médicaux ou à la préfecture, se sont retrouvées au pied du mur. On fait aussi fi des liens de sociabilité, de solidarité et des repères que ces personnes avaient construits avec le temps. 

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Plusieurs habitant·e·s de la maison du peuple sont maintenant parti·e·s. Certains sont restés, refusant le traitement qui leur était réservé. Demain d’autres personnes arriveront certainement, car malheureusement le nombre de personnes qui se retrouvent à la rue ne cesse d’augmenter et le rythme de paupérisation s’accélère. Plus que jamais, il est nécessaire de préserver un centre social autogéré en plein cœur de ville, un espace de convivialité, de solidarité qui mêle accueil, soins, culture, causes politiques et sociales. La Maison du peuple est un lieu qui reconnaît l’autonomie des personnes, toutes les personnes qui y viennent et offre un espace pour gagner en autonomie collective. La MDP est un des communs de Nantes qui luttent contre la gentrification et la marchandisation de la ville, tout en inventant un modèle social fondé sur l’autonomie.

À nous de le défendre et de la faire vivre, aujourd’hui comme demain !  

*Les “hommes isolés”, d’après le vocabulaire de la préfecture, ont été relogés à Préfailles, à 60 km de Nantes.