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Comme le dit E. Macron, “revenons à l’essentiel” : que nous apprend cette crise du coronavirus ? Elle semble interroger notre capacité de résilience et notre autonomie : pouvons-nous subvenir à nos propres besoins en France, et localement ? Notre système sanitaire est ébranlé par la crise, qu’en est-il du reste ? En s’intéressant à nos systèmes sanitaire, alimentaire et énergétique, on voit que non. Comment cela se fait-il ? Notre modèle de société néolibéral est guidé par la logique économique et celle de marché mis en place par l’État. Cela ne permet pas de penser ces systèmes du point de vue de la résilience et s’oppose même au principe d’autonomie. Après ces constats, on posera la question de l’autonomie locale comme principe qui peut guider notre action demain. Certaines villes ont déjà commencé, et si nous suivions ces exemples et développions des réponses collectives à nos besoins locaux ?

Carte du coronavirus dans le monde

Parce que l’imprévu semble devenir de moins en moins extraordinaire

Une annulation du premier tour des élections municipales pour les 5000 communes qui n’ont pas élu leur maire dès le premier tour semble de plus en plus probable. 

N’est-ce pas un signe finalement ? Le signe qu’on n’a pas parlé des vrais sujets. Des sujets qui devraient animer les collectivités et les communes aujourd’hui, dans un contexte de crises multiples, en particulier sociale, sanitaire et écologique. 

Parce que si on refait l’élection et donc la campagne, est-ce qu’on pourra continuer à mettre les questions de sécurité au centre du débat ? Si ce n’est la sécurité sanitaire, alimentaire, énergétique, hydraulique… 

Cette crise semble être une crise étatique. Certes, on ne peut pas tout faire localement, mais on ne peut pas continuer à tout attendre de l’État, surtout quand à sa tête nous avons des irresponsables qui préfèrent tout sacrifier sur l’autel de l’économie. 

Oui on peut et on doit accuser l’État d’avoir sabré les budgets médicaux. Oui, on doit accuser l’État d’avoir réduit à petit feu les fonds alloués à la recherche. Oui, on doit accuser l’État de vider ses propres caisses en supprimant certains impôts, soit disant pour que les plus riches investissent dans l’économie du pays. Oui, on doit accuser l’État de n’avoir cessé de creuser les inégalités, d’avoir fait tomber les pauvres dans plus de pauvreté, en réduisant les aides sociales, en permettant toujours plus de précarité en s’attaquant au droit du travail. Oui, on doit accuser l’État de faire monter en tension le pays tout entier, à coup de matraque, de lacrymo, de LBD, de drones et d’hélico de surveillance, de manipulation orwellienne de données personnelles. 

On doit le faire, sans concession. Et on ne doit pas exiger de nous que nous attendions la fin du covid-19. D’abord parce que cette crise ne fait que commencer. Et ensuite, parce que ce que nous subissons actuellement ce sont bien les conséquences des choix politiques des dernières  décennies. Nous ne subissons pas seulement les choix de E. Macron et consorts, mais bien les résultats d’une idéologie cachée derrière des “il n’y a pas d’alternative”, “nous ne sommes pas des idéologues, mais des pragmatiques, ni de gauche, ni de droite”. La fin de l’idéologie, c’est l’hégémonie du néolibéralisme. 

On doit le faire, mais on doit aussi prendre nos responsabilités localement. Ne pas se cacher derrière l’État. Nos collectivités, nos communes et nous, habitantes et habitants, avons du pouvoir. Politique et financier, bref, du pouvoir d’agir. 

Cela fait des années que certaines communes développent leur autonomie locale et leur capacité de résilience, en réaction à la fragilité d’infrastructures hyper-complexes et dépendantes les unes des autres. Des infrastructures fragiles qui ne demandent qu’à s’effondrer aux premiers battements d’aile. Elles le font, non pas pour se couper du monde, au contraire même, mais pour avoir prise sur le monde. Pour pouvoir résister aux chocs, aux imprévus. Pour se sentir maîtresse des réponses à leurs besoins, parce qu’elles refusent que le marché — aidé par l’État— le fassent pour elles. 

La crise que nous vivons donne raison à ce type de démarche. Le coronavirus ouvre la possibilité de mille et un scénarios de catastrophes. Parce que qui aurait pu imaginer ce que nous sommes en train de vivre ? Et, aujourd’hui, qui pense que nous sommes à l’abri de nouveaux épisodes de cette ampleur ? D’autant plus lorsqu’on lit que cette crise est (une fois de plus) écologique qui prend son origine dans l’élevage intensif qui favorise le développement de maladies, et dans la  déforestation massive qui rapproche les animaux sauvages des humains. Ainsi les virus d’origine animale qui passeront chez les humains sont-ils amenés à se multiplier (75% des maladies infectieuses auraient déjà une origine animale) (1).

Nous pouvons déjà dresser un premier bilan. Le bilan de notre système et les réponses que nous avons pour répondre à nos besoins fondamentaux. Sommes-nous en mesure de résister à des chocs, à des crises sanitaires, à des catastrophes environnementales, à des pénuries d’énergies fossiles, etc. Quel est notre niveau de résilience, quel est notre niveau d’autonomie ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. 

Prenons trois de nos besoins fondamentaux et voyons en quoi cette crise nous invite à réinterroger tout le système — la santé, l’alimentation et l’énergie. 

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Notre système de santé est-il résilient ?

Non et la démonstration a été faite plusieurs centaines de fois. Si nous sommes aujourd’hui confinés, c’est bien parce que nous n’avons plus suffisamment de personnel soignant, ni de lits, ni de matériel médical pour faire face à la pandémie. Nous payons (et nous allons payer encore longtemps) aujourd’hui les restrictions budgétaires des vingt dernières années : 3 milliards d’économies entre 2015 et 2017, soit l’équivalent de la suppression de 22 000 postes en trois ans ; entre 2002 et 2001, suppression de plus de 57 000 lits dans les hôpitaux publics, etc. Mais nous ne pouvons pas dire que nous n’étions pas prévenu (2), car les épidémies précédentes avaient déjà montré les limites de notre système sanitaire. Ainsi en janvier 2017, la Fédération hospitalière de France (FHF) avait appelé à tirer les leçons de la crise provoquée par une épidémie de grippe, en parlant de défaut d’anticipation et des “limites de la politique de suppression de lits et d’économies au rabot”. Nous sommes de plus en plus vulnérables aux crises sanitaires qui pourtant sont récurrentes (hôpitaux débordés en automne 2019 avec une épidémie de bronchiolite pourtant annuelle, en 2017 et en 2015 avec la grippe, en 2012 également,…). Une autre raison de ce déclin — qui va de paire avec les restrictions budgétaires — correspond à la volonté de centralisation, de regroupement des hôpitaux, supprimant ainsi les hôpitaux de proximité, créant des déserts médicaux et réduisant la capacité d’adaptation médicale aux besoins de la population.

Les restrictions budgétaires découlent d’une volonté de faire entrer la santé publique dans une logique économique, de transformer l’hôpital en entreprise ou en clinique — et d’ailleurs, en amoindrissant les hôpitaux, on donne du même coup davantage de place à la santé privée. Cette soumission à la logique économique de l’hôpital, on la voit notamment à travers l’instauration de la tarification à l’acte, mise en place dans les années 2000 et qui consiste à comptabiliser, normer, standardiser pour mieux gérer les “prestations médicales”. transformant ainsi nos hôpitaux en des sortes d’usine à soins. En témoigne également la loi Bachelot qui permet la mise en place d’une gouvernance gestionnaire, comparable à celle des entreprises, dans les hôpitaux.  

C’est cette même logique économique qui explique que nous ayons sacrifié la production nationale de médicaments et de matériel médical (le magnifique exemple des masques produits en Bretagne par l’usine de Plaintel, respirateurs pour ne citer que ceux-là) au principe de rentabilité. Parce que ce n’est pas rentable localement, on délocalise, ou on laisse mourir certains secteurs parce que d’autres pays produisent les mêmes biens pour moins cher. Nous rendant ainsi vulnérables et dépendants des choix politiques d’autres pays, des crises économiques mondiales et des pays en question,… 

Et malgré tout ce qui apparaît aujourd’hui comme des évidences, à Nantes, le préfet exige la poursuite du chantier du nouveau CHU, comme si on était à six semaines près et surtout, comme si la situation actuelle ne plaidait pas pour l’arrêt total de ce projet anachronique. Anachronique parce qu’il est prévu que le futur CHU soit plus petit que les deux structures à regrouper (Laennec et le CHU Hôtel-Dieu), moins de personnels soignants, moins de lits, dans la droite lignée des politiques qui nous ont mené à cette crise et dont tout le monde semble d’accord pour y mettre un terme !  

Nationalement, la résilience de notre système de santé est largement dégradée, et localement, si nous poursuivons la même politique, nous risquons d’empirer la situation.

Notre système alimentaire est-il résilient ?

Plus vraiment. Et d’ailleurs la crise que nous vivons risque de plus en plus de se transformer  en crise alimentaire (3), notamment parce que les camions nous approvisionnant en nourriture franchissent difficilement les frontières (qui ont été fermées pour endiguer le coronavirus). À moyen-terme, on pourrait venir à manquer de fruits et légumes, à cause de l’actuelle pénurie de main d’œuvre pour les récoltes. Et puis, pour des denrées de base comme le blé, nous ne somme spas à l’abris d’une crise alimentaire comme celle de 2007, dû au fait que certains pays se sont mis à faire d’énormes stocks de blé (comme la Chine) ou que d’autres stoppent leurs exportations dont dépendent beaucoup de pays, en particulier en Afrique. 

D’autres types de crises sont également à anticiper. Sachant que notre système alimentaire dépend de l’approvisionnement en camions des denrées, si demain on venait à manquer subitement de pétrole comment ferions-nous ? Par ailleurs, sommes-nous en train d’anticiper d’autres modes de transport pour sortir du pétrole ? Pas vraiment ! Et si une épidémie bien plus sévère que le coronavirus arrivait ou une autre catastrophe, serions-nous en mesure de nous nourrir à partir de ce qu’on produit localement ? En France ? Dans notre région ? Dans notre département ? 

La France n’est plus autosuffisante en alimentation (4). Bien que nous détenions la première place des pays producteurs en Europe, les importations ont augmenté de 87% en 10 ans : les importations de lait ont doublé, un légume sur deux n’est pas produit en France, ainsi que 34% de la volaille et 25% du porc. Quant au bio, 31% de la consommation est importée. Ces chiffres révèlent le déclin de notre agriculture, tout comme le taux de suicide chez les paysans qui est bien plus élevé que la moyenne française, ou encore le nombre de paysans vivant sous le seuil de pauvreté (quand les revenus des grands céréaliers et des viticulteurs ne cessent d’augmenter). 

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À quoi est dû le déclin ? La diminution des terres agricoles françaises, dont une grande part est ensevelie sous le béton. Et surtout, la néolibéralisation du secteur avec la multiplication des accords de libre-échange (qui suive la doxa de l’Organisation mondiale du commerce), la guerre commerciale et la concurrence entre les États, la mise en marché du secteur alimentaire sans régulation qui protège les producteurs. Ce qui mène aux situations absurdes que l’on connaît où une tomate peut avoir fait trois fois le tour du monde et coûter moins chère que la tomate bio produite dans la région. L’Union européenne et les États membres (en particulièrement la France) choisissent de soumettre tous les agriculteurs aux dogmes néolibéraux, quand bien même d’autres pays soutiennent massivement le secteur agricole (la Chine, les États-Unis…), au nom de la sécurité et de la souveraineté alimentaires.  

Parce que oui, la souveraineté alimentaire dépend de l’autosuffisance  et de l’autonomie alimentaire d’un pays. On est en mesure de choisir son alimentation — et donc la qualité de son alimentation — si on est en mesure de produire une alimentation diversifiée sur son territoire. 

Marchandisation de l’alimentation, mise en concurrence des producteurs jusqu’à leur précarisation et fragilisation, sont les causes de notre non-autonomie, de notre dépendance alimentaire. Et c’est sans compter le fait que modèle productiviste fournit une alimentation de moins en moins nutritive et même nocive pour notre santé. 

Et quant à notre système énergétique ? 

Centrale nucléaire de Saint-Laurent

La réponse est évidemment non puisque nous sommes très dépendants aux énergies fossiles et donc aux pays producteurs d’hydrocarbures et de gaz, et à leurs choix politiques. Nous sommes sujet à de potentiel problème d’approvisionnement, comme pour l’alimentation, même si des stocks existent pour tenir quelques mois. De la même façon, nos centrales nucléaires qui produisent 70% de notre électricité sont dépendantes de l’uranium, dont les ressources françaises sont épuisées, nous rendant donc dépendants d’autres pays. Jusque récemment, nous importions l’uranium principalement du Niger. A-t-on en plus besoin de mentionner ici la politique extérieure nauséabonde de la France auprès d’anciennes colonies, comme le Niger, due à ces choix de politique énergétique ? 

Après le choc pétrolier de 1973, la France choisit de développer des centrales nucléaires pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures. Ce choix a été possible et a renforcé la centralisation du système français. Aujourd’hui, ce choix centralisateur pose la question de notre résilience. Les centrales nucléaires sont des systèmes hyper complexes, par conséquent difficile à piloter, peu adaptables aux besoins locaux et aux imprévus. 

La complexité du nucléaire pose la question de la maîtrise et du partage de la connaissance : on a besoin de beaucoup de cerveaux — avec différentes spécialités — pour faire fonctionner une centrale et en même temps, peu de personnes détiennent les savoirs nécessaires, ce qui rend le nucléaire peu résilient. Que fait-on en cas de catastrophe sanitaire où les personnes dont on dépend sont malades par exemple ?  D’ailleurs, n’avons-nous pas, aujourd’hui déjà, des problèmes de partage de la connaissance liée à ces systèmes, ne serait-ce que pour construire de nouveaux réacteurs ou pour en démonter les plus anciens ? 

On peut également s’interroger sur la sécurité du nucléaire. Combien de fois Greenpeace est parvenu à pénétrer sur le site, soit-disant ultra-sécurisé, d’une centrale, afin de montrer la faillibilité du système ? Comment faire en cas de catastrophe climatique ? Comment le nucléaire peut s’adapter au réchauffement climatique ? Chaque été, depuis quelques années, n’éteignons-nous pas les réacteurs de certaines centrales, notamment parce que le niveau de la Loire, trop bas, ne permet plus de les refroidir suffisamment ? Il y a mille et un cas dans lesquels le manque de résilience des centrales nucléaires pourrait se retrouver dévastateur ou fatal. 

Dans les années 1970, l’État a fait le choix du nucléaire pour gagner en autonomie, pour ne pas dépendre du marché, en particulier du marché des hydrocarbures. Les investissements dans le nucléaire étaient une politique d’État. L’État qui assurait un service public de l’énergie. Comme la plupart des secteurs stratégiques pour notre autonomie, l’énergie, même produite localement, est devenue une marchandise dont le prix est soumis au marché. Par conséquent, aujourd’hui nous ne sommes plus capables de faire le même type de choix, notamment en termes d’investissement dans les énergies renouvelables. 

Une des conséquences est que l’État ne se donne pas les moyens de mener la transition énergétique. Par ailleurs, la libéralisation du marché de la fourniture d’énergie n’aide pas dans la réduction de la consommation d’énergie. En effet, les fournisseurs d’énergie ont tout intérêt à ce que leurs clients consomment toujours plus d’énergie pour gagner plus d’argent. Dans la même logique, quel intérêt financier y a-t-il à rénover massivement les logements, pourtant si consommateurs en énergie ? 

Le prix de l’énergie ne reflète pas son impact environnemental, et n’est finalement que peu en lien avec le degré de résilience du système (sauf en cas de crise) — ce qui est d’ailleurs le cas pour les autres secteurs.

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L’alimentation, l’énergie et la santé ont vécu ces dernières années des vagues de privatisation, de néolibéralisation. Ces trois besoins sont plus que jamais des marchandises, soumises aux lois du marché, et donc de la concurrence. La gestion économique de nos besoins fondamentaux implique généralement une dégradation de la qualité et des conditions sociales pour celles et ceux qui travaillent dans ces secteurs. Autre point commun : leur gestion centralisée. La néolibéralisation de ces systèmes centralisés les rend particulièrement fragiles, en particulier lors de situations imprévues — et l’imprévu semble devenir de moins en moins extraordinaire. 

L’autonomie nationale et locale est alors incompatible avec le néolibéralisme, d’autant plus lorsqu’il est porté par un État centralisateur. 

L’autonomie locale comme principe pour construire l’après ?

Pour construire la résilience de notre société, pour construire notre autonomie locale, nous devons sortir de la logique de mise en marché du monde, où tous les pans de nos vies doivent suivre les règles économiques, où tout doit devenir entreprise, jusqu’à nos propres personnes. L’autonomie locale est bien une proposition d’alternative au néolibéralisme, celle de sortir du marché nos besoins fondamentaux, de les démarchandiser. 

L’autonomie locale, c’est d’abord l’autonomie matérielle : faire en sorte que les moyens de production permettant de répondre à nos besoins soient locaux. Cette autonomie doit permettre d’assurer les moyens d’existence des habitantes et habitants,  assurer des conditions de vie décentes pour toutes et tous. Et donc en solidarité avec les autres territoires. 

L’autonomie matérielle permet une autonomie politique, c’est-à-dire faire de choix collectif sur nos modes de vie : quelle alimentation ? Quelle énergie ?… L’autonomie politique, c’est un modèle où les personnes qui décident, celles qui produisent et celles qui consomment sont les mêmes. Ce qui permet de re-questionner collectivement nos besoins et leurs réponses, permettant ainsi de s’auto-limiter plutôt que de produire toujours et toujours plus sans autre raison que des raisons spéculatives. L’autonomie politique redonne du sens à notre société.

Et de l’autonomie politique découle une autonomie personnelle, une dignité personnelle : sans la pression perpétuelle d’avoir à “gagner sa vie”, à subvenir à ses besoins les plus basiques. Sans se réduire soi-même alternativement à un consommateur ou à un producteur. Sans se sentir la proie d’un système de consommation à outrance, où nos seuls choix sont des choix de consommation, et où l’autre aussi devient un bien de consommation. Sans se sentir impuissant, sans avoir la sensation perpétuelle que notre vie, notre temps nous échappe. L’autonomie personnelle est possible quand on devient maître de sa vie, de ses choix. Quand on peut définir nos propres besoins et nos actions. Quand on peut s’auto-définir librement. 

C’est dans le sens de l’autonomie que certaines villes ont commencé à agir

C’est dans ce sens que des villes comme Bristol ou Barcelone, et d’autres villes européennes ont fait le choix de créer des fournisseurs d’énergie locale, afin d’approvisionner leurs habitants en énergie renouvelable, de développer  ces moyens de production d’énergie renouvelable et de lutter contre la précarité énergétique en facilitant l’accès à l’électricité et au chauffage aux foyers les plus modestes. 

C’est aussi dans ce sens que des villes comme Mouans-Sartoux, Vannes, Châteauneuf ont créé des régies agricoles afin de racheter — et ainsi préserver — des terres agricoles, d’y installer des agricultrices et agriculteurs qui approvisionnent leur ville. Afin d’assurer des revenus décents aux agriculteurs, de garantir une nourriture biologique et locale, donc saine à leurs habitants, de prendre soin des terres dont elles dépendent en créant des partenariats entre les villes et les campagnes, et en construisant ainsi leur autonomie alimentaire. 

C’est aussi dans ce sens que des villes comme Barcelone ont créé des centres de santé pour faire face au manque de médecins et de pharmacies, et pour garantir un accès à une santé de proximité à toutes et à tous. 

L’autonomie locale est un choix politique à la fois de plus en plus nécessaire, écologiquement et socialement, mais aussi de plus en plus enthousiasmant. Car qui veut encore de ce monde de galère, de compétition de tous contre tous, de course contre la montre, d’isolement des personnes, de sentiment d’impuissance et de fuite en avant où nous courons toujours après quelque chose, en finissant toujours par nous demander “mais quel sens ça a tout ça ?”. 

Dès demain, dès aujourd’hui, construisons notre autonomie locale, construisons Nantes, en commun pour faire advenir ce fameux “monde de l’après” qui est déjà un peu là !

(1) :  À ce sujet, nous pouvons renvoyer à deux articles : Médiapart, le 22 mars 2020, par JADE LINDGAARD et AMÉLIE POINSSOT “Le coronavirus : “un boomerang qui nous revient dans la figure”” et Libération, le 30 mars 2020, “Éviter les prochaines crises en changeant de modèle alimentaire”

(2) : Voir à ce sujet le dossier de L’Humanité du 2 avril 2020 sur l’hôpital public.

(3) : Novethic, 6 avril 2020, “Le coronavirus pourrait provoquer une pénurie alimentaire mondiale, alertent les experts”  et les questions/réponses de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

(4) : Voir à ce sujet l’enquête de Marianne, 22 au 28 novembre 2019, “Demain, la faim ? La France n’est plus capable de se nourrir elle-même”