…et le devenir sans pub de Nantes
La publicité est omniprésente dans nos rues. Difficile de faire un pas sans que notre regard soit happé par l’un des innombrables panneaux publicitaires qui ornent nos espaces publics.
Un vol en avion pas cher ici. Là, une actrice dénudée qui met du parfum. J’attends mon bus en rêvassant avant d’aller au boulot, mais, même ça, on me l’enlève. J’essaie de les ignorer, je ne rêve plus mais pense aux petits soucis du quotidien. Je n’ai pas les moyens d’acheter leurs superbes services de livraison « « écolo » », mais, justement, ça me fait penser à mon porte-monnaie. Ma facture d’énergie vient d’augmenter.
Paraît qu’on doit payer les rénovations des centrales…
Apparemment certains n’ont pas ce problème : en arrivant à la gare, je tombe nez à nez avec un panneau vidéo qui tourne en boucle. Il essaie de me vendre avec conviction le prochain film de super héros qui sort au cinéma.
De l’autre côté, c’est désormais la propagande de la mairie qui m’informe que ma grand-mère pourrait m’aider à financer ma start-up. Cool. J’ai ni l’une ni l’autre.
Alors je m’arrête sur un banc. Il me reste cinq minutes avant d’être en retard au boulot, autant en profiter pour réfléchir. Pas à mon business model ou à ma levée de fonds. Mais à la pub.
Comment se fait-il qu’il y en ait partout alors que ça embête tous les gens autour de moi ? Comment peut-on enlaidir nos espaces de vie à ce point ?
Jusqu’à quand accepterons-nous que nos rues se repeignent aux couleurs des dernières marchandises à la mode ?
Est-ce qu’on peut se permettre d’alimenter en énergie ces machines inutiles quand on sait qu’on devrait réduire notre consommation pour préserver nos chances de vivre dans un environnement correct ?
Dans certaines villes, on a au moins mis fin aux panneaux de pub. Dans d’autres, on expérimente la pub sur le sol, et même des panneaux qui captent la réaction des passants pour rendre les pubs toujours plus attractives, performantes, bref, manipulatrices.
De quel côté veut-on être ?
Je repars pour ne pas être en retard. Qui paie pour toute cette pub ? À chaque fois que j’achète un truc, combien part dans tout le système publicitaire ? Maintenant que j’y pense, j’ai un ami qui bosse dans la com. Il me dit qu’il souffre de voir sa créativité bridée et dirigée vers ça. Surtout qu’il a connu la vie d’artiste, les squats, la liberté.
Une autre rêvait de bosser dans la pub de luxe mais elle n’en peut plus de vendre des bijoux à 300 000 € la journée et de croiser des personnes à la rue le soir… Elle cherche aujourd’hui comment l’art de la communication peut valoriser ce qui a du sens.
J’arrive au taf, j’ai du mal à me concentrer. Est-ce qu’on se bat ou est-ce qu’on se résigne ? Est-ce qu’on se laisse envahir par leurs affiches pro-consommation ou est-ce qu’on les recouvre ?
On m’a déjà parlé de la RAP, le mouvement de Résistance à l’Agression Publicitaire. Ils organisent régulièrement des actions et, aujourd’hui, c’est la Journée Mondiale contre la Pub. Je crois que moi aussi, j’ai envie d’agir contre la pub. Nos regards ne sont pas à vendre.
Photos : Fred M, RAP, NeC
Commentaires récents