Le 6 février 2019, les résultats définitifs des élections aux chambres d’agriculture ont été publiés. En Loire-Atlantique et à Mayotte, la Confédération Paysanne a remporté la majorité des voix. C’est une excellente nouvelle pour les habitant·e·s de ces territoires, paysans, ruraux et urbains. Plusieurs enjeux cruciaux pour les communs et la transformation de notre agriculture dépendent en partie de la politique de la chambre d’agriculture et de la possibilité de développer des partenariats entre les communs et les institutions publiques.
Depuis les débuts de la lutte contre l’aéroport et son monde, de nombreux·ses paysan·ne·s de la Confédération paysanne ont soutenu ce mouvement hétéroclite pour construire autrement les espaces de vie en commun et l’agriculture, pour résister à la marchandisation absurde et anti-écologique de nos territoires. Dans les villes et sur la Zad, de nombreux drapeaux du syndicat flottaient sur les tracteurs déployés en défilé ou en protection lors des menaces d’intervention policière. Alors qu’au printemps, le gouvernement français a attaqué les communs de la Zad avec la plus grosse opération militaire jamais vue sur les terres de l’ouest depuis 60 ans, les projets collectifs artisanaux, agricoles, culturels et de vie en commun sont en danger. Alors que la quasi totalité du monde agricole et paysan souffre d’une industrialisation massive qui pousse à l’endettement et à l’isolement, habiter et agir en commun sont des réponses fortes aux défis écologiques, sociaux et politiques du XXIème siècle. Ce que le gouvernement a cherché à détruire à la Zad vit déjà partout, Trémargat, Saillans, Barcelone ou Nantes en sont quelques exemples. Il n’y aura jamais assez de blindés pour nous enterrer, ce qui d’ailleurs ne nous fait pas peur puisque nous sommes des graines. Mais le soutien d’une institution qui régule l’accès aux terres agricoles, propose des formations et intervient dans la construction des documents d’urbanisme qui déterminent les usages agro-écologiques des sols nous semble une excellente nouvelle.
Et alors que d’autres élu·e·s, pris d’un syndrome d’Ayraultisme peut-être, ou simplement en manque de perspectives communes, solidaires, écologiques et démocratiques pour leur territoire, projettent au Sud de la Loire de construire une piscine de vagues à surf à 10 km des spots océaniques, à au moins 40 € de l’heure, en détruisant 8 hectares de terres agricoles et qu’au Nord, une plateforme logistique de type Amazon, nouvelles mines en matière de conditions de travail, engloutirait 39 hectares de terres agricoles, le renforcement d’un syndicat paysan qui défend les usages écologiques et solidaires des terres agricoles réjouit les communantais·e·s.
Parce qu’il n’y aura que des pistes d’avenir commun (et pas d’aéroport) qui pourront abolir les lois du marché qui nous emprisonnent dans une croissance et une compétition territoriale aujourd’hui synonymes de destructions des écosystèmes, des vies humaines et des droits humains, la responsabilité politique des habitant·e·s de Nantes est importante. Nombre d’entre elles et eux y réfléchissent et agissent déjà, avec leurs voisin·e·s, leur famille, leurs ami·e·s, des collectifs, des syndicats et des associations.
À Nantes en commun·e·s, nous cherchons à mettre en lien cette diversité de pratiques en ouvrant des espaces de discussion bienveillants, pour mener des enquêtes et agir sur Nantes et avec les autres commun·e·s : dès maintenant en rejoignant l’enquête sur l’agriculture et l’alimentation en communs (l’enquête ici) (venez en discuter avec nous sur le Discord) et bientôt une enquête sur les coopérations inter-commun·e·s. Le 24 février en proposant de rejoindre la mobilisation initiée par Terres Communes contre le Surf Park de Saint-Père en Retz : cabane de résistance et plantation d’arbres au programme, le collectif Agir pour le climat organise un covoiturage. Nous espérons que ces enquêtes et ces liens tissés permettront à l’ensemble des habitant·e·s concerné·e·s de construire les politiques de coopération entre les hameaux, les villages, les quartiers et les commun·e·s du territoire et du monde. Pour que vivent les communs, par les luttes, les enquêtes, et avec les paysan·ne·s !
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