Le YelloPark, projet de nouveau-quartier-tendance autour de la Beaujoire, réduit depuis quelques semaines à un abracadabrantesque projet de double-stade, est, dans ses deux versions, un cas emblématique qui illustre la vivacité et la pertinence du commun.
D’un côté, on a un pouvoir municipal qui sort du chapeau un projet concocté avec un acteur privé, le propriétaire-président du FC Nantes et chef de l’entreprise YelloPark. L’année dernière, Johanna Rolland annonce la création d’un nouveau stade et d’un parc immobilier autour, notamment pour financer le stade en question. 23 hectares vendus pour une solution clé-en-main : Waldemar Kita se voit octroyer le droit de façonner une partie non négligeable de la ville.
De l’autre côté, levée de boucliers chez les supporters du club, autant que chez les riverains, c’est-à-dire : les usagers du stade, directs et indirects.
C’est la logique du profit qui s’oppose à la logique de l’usage. Celles et ceux qui ont l’usage du stade revendiquent un droit de regard sur les décisions liées à leur club ou à leur quartier. Mieux, ils agissent de concert et parviennent à mettre sur pied un contre-projet.
Ils donnent les recettes pour un ménagement de la ville à la nantaise : des usagers, seuls véritables expert·e·s de leur ville et de leur vie, qui proposent des solutions plus intelligentes que celles concoctées dans les couloirs d’un pouvoir municipal brandissant à tout-va la technique et la santé financière comme arguments irréfutables.
Ces usagers ne se sont pas contentés de réclamer une place dans la décision. Ils ont pris en main le sujet pour faire quelque chose, en l’occurence élaborer collectivement un projet de rénovation du stade.
Ce contre-projet est plus écologique – quand le YelloPark/double-stade est pur gâchis. Il est plus équitable, parce qu’il prévoit que le club paie un loyer adapté, qui ne soit pas une subvention cachée. Et il est plus social, parce qu’il maintient des tarifs abordables pour les spectateurs, quand le YelloPark voulait faire du nouveau stade et des alentours un centre commercial.
Dans ce cas précis, le prétendu intérêt général incarné par la maire de Nantes dévoile toute sa vacuité : il n’est que la reformulation enjolivée et politiquement correcte d’un intérêt sonnant et trébuchant, celui du foot business, avatar parmi tant d’autres de la fameuse attractivité.
Face à ce partenariat public-privé mille fois renouvelé, et qui trouve dans le YelloPark sa plus grotesque expression, nous devons saluer non seulement la force des oppositions et des résistances, mais aussi la capacité des opposants à faire vivre le commun.
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