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Comme le rappelle le groupe Désobéissance Ecolo Paris « l’essentiel de la vie politique se déroule en dehors des urnes ». Et la politique démocratique, celle du partage, de l’autonomie, du prendre soin des autres et des écosystèmes, se déroule principalement en dehors des votes. Les élections ne sont qu’un reflet partiel de la vie politique du territoire. Beaucoup ne les fréquentent pas, pourtant nous faisons tou·te·s de la politique au quotidien. Celles et ceux qui s’auto-organisent ou qui luttent ont une très grande influence sur ce que les autres considèrent comme légitime ou juste, aussi lorsqu’elles et ils votent.

Les élections européennes en sont le meilleur exemple. Ce n’est pas grâce à la personnalité des candidat·e·s ou à la qualité de la campagne que les partis écologistes ont mobilisé plus que ce qui était attendu. Cette vision ancienne de la politique diffusée par les médias mainstream est complètement démentie par les mauvais résultats électoraux des dernières années alors que les candidat·e·s et les campagnes n’étaient pas moins bons aux yeux des personnes éloignées des partis, qui s’en fichent largement. Les partis doivent l’essentiel de leurs élu·e·s aux mobilisations écologistes dans la rue qui ont eu lieu depuis septembre 2018. Le fait que chez les jeunes de moins de 35 ans, après l’abstention, la participation électorale la plus importante soit écologiste est directement lié au fait que dans le cadre des mouvements sociaux, des collectifs et des communs, on construit et on diffuse l’écologie politique massivement.

En 2009, la « percée » des partis écologistes était directement liée à la diffusion massive des discours issus des mouvements altermondialistes suite au crack financier de 2008. Et si c’était uniquement pour Cohn-Bendit, admettons que vu le bilan des dix dernières années en matière d’environnementalisme gouvernemental, c’est bien décevant…

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En 2017, la France Insoumise a bénéficié électoralement de Nuit Debout, de l’occupation des places et des manifestations contre la loi travail de 2016 dans lesquelles de nombreuses autres manières de faire de la politique et d’autres idées se sont inventées. Des places elles se sont ensuite diffusées chez beaucoup de jeunes. Même la droite, qui répète inlassablement que « ce n’est pas la rue qui gouverne » tire sa légitimité de ce qu’elle y fait ou non. Le regain des conservateurs catholiques qui a boosté la candidature de Fillon (rends l’argent!) est directement lié aux manifestations anti-mariage pour les homosexuel·le·s et à l’organisation fondamentaliste qui a porté la campagne.

À Barcelone, le mandat précédent de Barcelona en comú tirait l’essentiel de sa légitimité dans les luttes contre les expulsions des pauvres. Depuis dimanche 26 mai, Barcelona en comú fait jeu égal avec les indépendantistes catalans parce qu’ils ont mené le principal mouvement social du territoire.

À Nantes, le parti écologiste a fait ses meilleurs résultats aux élections locales en 2014 et en 2015 grâce au mouvement d’opposition à l’aéroport, qui a été un grand laboratoire de l’écologie politique populaire. Pendant la manipulation consultative organisée par Valls, on a même pu voir que 25 % des votants se prononçaient pour l’aéroport et 25 % se prononçaient contre… Le parti écologiste n’a jamais réuni autant de votes. Ce sont bien les mouvements sociaux et associatifs qui font mentir les sondages !

Soyons clair·e·s, pour les personnes engagé·e·s pour l’écologie, la solidarité et la démocratie, le vote est un outil politique parmi d’autres. Parfois, par dégoût, il n’en est plus un du tout et l’auto-organisation est la seule manière légitime d’agir. Toute organisation politique qui chercherait à créer de la convergence entre ces différentes manières d’agir en les écrasant par le calcul électoral partisan accentuerait ce dégoût. D’autant que l’intention des collectifs est de changer le monde et de bien vivre, pas de donner de la légitimité à des élu·e·s surplombants qui veulent tout contrôler.

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Les personnes qui s’engagent n’ont besoin ni de représentant·e·s qui les dépossèdent de leur légitimité à agir ni d’incarnation, mais peut-être d’émissaires pour une meilleure démocratie.  L’élection est un mode d’action parmi d’autres pour porter une démocratie écologique et sociale.

On peut peut-être réconcilier engagement quotidien et participation électorale en trouvant des manières de faire légitimes dans les mouvements sociaux et associatifs. Et surtout, en affirmant tout·e·s ensemble que la démocratie c’est pas une fois de temps en temps, que les habitant·e·s d’un territoire ont toute la légitimité pour agir politiquement. Particulièrement lorsqu’il s’agit de contester les décisions de l’exécutif local.

Mouvements des places, mouvement des communs, Zad, occupations et commune, manifestations, coopératives, associations et collectivités, nous pourrons puiser dans toutes ces expériences pour partager le sens de l’action politique.